LE SINGE EGAL DU CIEL
Il y a dans certains livres un génie qui réveille l’assoupi
« Le singe égal du ciel » inspira ma quête initiale
J’avais pressenti à la lecture de cette saga extrême orientale
L’excitation d’un défi et d’une aventure pour magnifier ma vie
Ou tout au moins ma juvénile ambition
Trôner à la table des Dieux et n’avoir aucun Maître
La liberté me couronnerait, je serais ce Singe au Cœur de Lion
Dussè-je pour cela vivre plus de mille ans
Je sublimerai ma tombe pour mourir et renaître
De ce défi je sortirai gagnant !
Je n’avais pas l’ombre d’un doute
Je trouverai la route
Du pays de cocagne
Vagabond, ermite ou parasite extradé
Je finirai sacré au Tibet...
En méditation, là-haut sur la montagne
Je me voyais déjà vaincre les vents de la folie
Faire barrage aux troubles psychopathes de la vie
Lutter l’obscurantisme
Ecrire l’évangile d’un nouveau romantisme
En chevauchant le temps, je pénètrais l’éternité
Protégé d’une armure de mousse et de lichens
Comme un Messie, pour conquérir l’amour et vaincre la haine
J’exterminais les armées de la cupidité
Je deviendrais l’égal d’un Dieu
J’avais trouvé ma croisade, un magnifique jeu…
Les premières années sont toujours les meilleures
Ce sont les préliminaires, l’insouciance qui masque la peur
Arrivé aux Indes, je posais mes poils à Goa
J’étais dans la mythique « Anjuna »
Boum Shankar et merci au chilom
Qui t’a guidé sur le chemin du mystère et boule de gum !
J’avais trouvé dans le « charras » un copain pour la vie
La magie se révélait à chaque « full moon party »
Mes expériences et « trips » psychédéliques
N’avaient plus rien d’apocalyptiques
Sous les ailes des champignons, de la lune et des étoiles
Je sentais un souffle, la grâce de la beauté dans mes voiles
Qui me faisait devenir poète, visionnaire ou danseur
Le singe s’éveillait enfin au bonheur
S'il n'y avait eu les problèmes d’argent récurrents
Il eut choisi un moulin à prière plutôt qu’un moulin à vent
Passant de lianes marginales en martingales hasardeuses
Le singe aventurier cherchait l’issue heureuse
Il n’avait d’autres choix que de poursuivre sa périlleuse voie
Même si une autre voix lui chuchotait … tout cela n’est pas toi
Tu fais le con !
Entreprendre une quête spirituelle et concilier le besoin matériel
Est un déchirement, un fossé d’incompréhension
Un tête à tête entre Don Camillo et Pepone
Où la dualité s’engouffre comme un courant d’air qui peut devenir cyclone
Entre les rives du temporel et la mer éternelle
Il y a les vagues de l’impermanence
L’incompréhension d’une vérité qui se balance
D’aventures en aventures, de moi en moi
Sur la route de la foi
Le singe se faisait homme dans des contractions
Et des contradictions qui voyaient s’affronter le bien et le mal
Changer de peau ne fut pas facile
Il ne faut pas croire que la souplesse de l’évangile
Soit celle d’un agneau quand il faut manier le paradoxal !
Le jeune homme crût enfin avoir trouvé son paradis
Lorsqu’il posât son sac à Bali
Les Dieux s’affichaient et s’incarnaient radieusement
Les Déesses se lovaient amoureusement
« Easy » le magicien avait offert ses ailes
« Maddei » ouvert les portes du mystère
Les dieux étaient sur terre
Mon Dieu que la vie était belle…
Tout aurait pu s’arrêter là
Mais la destiné est régie par la loi du karma
Qui te pousse au loin comme une bourrasque
Vers le vide, un inconnu sans masque
La germination se poursuit dans un ailleurs obscur
Des entrailles ténébreuses surgit toujours l’eau pure
Je dus affronter les dragons de légendes du pays du Soleil Levant
Puni et jeté en pâture sur la toile d’une araignée vorace
Je finis par m’incliner devant le mystère du sphinx en Orient
Le désert avait eu raison de moi et recouvert mes traces
Mes certitudes mystiques
Commençaient à errer dans des cercles plus comiques que cosmiques
Poursuivies par la sorcière blanche jusqu’aux grands canyons d’Occident
Mon ambition fut réduite en poudre, explosée dans le néant
Par des mâchoires puissantes
De molosses à l’haleine brûlante
Avant que les portes de l’enfer
Ne se referment pour un tête à tête avec Lucifer
Ici git la vérité qui s’est bâti dans ton corps.
La renaissance a comme exigence
De t’obliger à prendre le couloir de la mort
Une purification par le feu et la lumière de l’esprit
Qui extrait et abolit l’ombre et la souffrance
Avant de te redonner vie
Modeste sur le chemin de l’œuvre
Timide comme un enfant à la porte d’une nouvelle classe
Un être à reconstruire entame sa manœuvre
Un nouveau face à face
Main dans la main, le singe et le petit homme
Regardent prudemment du côté des cieux
Les nuages se faire messager de nouveaux rêves, de nouvelles folies
Le but est gravé depuis de nombreuses vies
Le besoin d’exister dans un monde surfait
Condamne le singe à perpétuité
Aujourd’hui le seul espoir à sa libération est en Dieu, on n'a pas encore fait mieux !
Le temps est passé plus vite qu’un éclair
Le petit homme est devenu grand père
Et c’est en cultivant le parfum des roses de son jardin
Qu’il exhale des soupirs vers le ciel chaque matin
Le singe a subi les piqûres des aiguilles de la rédemption
Valeureux il porte comme Saint Christophe
L’homme vers sa réalisation
Acupuncté mais pas totalement Off
Du haut de ma colline
Je ne vois plus de singes, seulement les branches et les racines
D’un arbre totémique qui monte vers le ciel
Et j’entends un appel
Toujours le même rêve
Depuis Adam et Eve
On veut vivre sur terre
Sans diable et sans sorcière
Singes et petits hommes crient au secours…
On veut de l’amour
Sauve qui peut
Devenons Dieu
LAMIGO